Complainte des landes perdues, T8, de Delaby, Jérémy et Dufaux. Dargaud


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Comme l’indique leur nom, les landes perdues sont un fichu pays. Une île sombre battue par les vents et la pluie, aride malgré tout, et peuplée de monstrueuses sorcières qui prennent les formes les plus attrayantes. Parmi elles, la reine des Moriganes, sorcières de la toute première génération, ne laisse que cadavres et désolation dans son sillage.
Protégée par le Guinea Lord, sorte d’armure malfaisante tout en noirceur, la Morigane est traquée par Sill Valt, un chevalier du pardon, également mentor du jeune Seamus. Seamus, autre chevalier qui lui doit protéger la fée Sanctus, sorcière touchée par la grâce, qui pourrait révéler les obscurs secrets de ses anciennes compagnes. Tous ne sortiront pas vivants de ce livre.
Héroïc fantasy médiévale"Complainte des landes perdues" est l’un des exemples les plus aboutis d’un genre souvent galvaudé. On le doit au scénariste tenace, Jean Dufaux, dont la rigueur permet à la série de ne pas s’essouffler au bout d’un huitième tome, "Sill Valt". Une saga qui en est pourtant à son troisième dessinateur.
On devait à Rosinski les quatre premiers volumes du "Cycle de Sioban", puis Philippe Delaby a pris le relais avec "Les Chevaliers du pardon", avant de décéder subitement en janvier dernier. Jérémy, son coloriste, également dessinateur de "Murena", a su assurer brillamment la relève et s’est chargé des 21 dernières planches.Dans ce dernier opus, Jean Dufaux n’hésitera pas à occire Sill Valt, mais la chronique de cette mort annoncée n’enlève pas le suspense entretenu jusqu’au bout. On aura pu spéculer sur la véritable identité du Guinea Lord, infernale monstruosité et tueur froid, mais le scénariste sait mener le lecteur par le bout de son nez, jusque dans les coins obscurs du château de la Dame à l’Hermine.
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La continuité graphique permet une fin somptueuse de ce deuxième cycle, avec cet album où ont également travaillé deux coloristes (Sébastien Gérard puis Bérengère Marquebreucq). Béatrice Tillier ("Le Bois des vierges") boucle déjà le premier tome du 3e cycle, "Les Sorcières". Croisons les doigts…
56 pages, 13,99 euros.
Chronique de Jean-Marc Lernould